Fin des hostilités après dix-huit mois d’affrontements entre Airbus et Qatar Airways. Les deux parties ont annoncé mercredi avoir soldé « à l’amiable » le contentieux qui les opposait à propos des A350 livrés à la compagnie du Golfe. Cette dernière, important client d’Airbus, avait progressivement cloué au sol 29 de ses 53 A350 après avoir constaté des dégradations sur la surface des fuselages.
La compagnie qatarienne poursuivait l’avionneur devant la Haute Cour de justice de Londres pour exiger des dédommagements et demandait 200.000 dollars d’indemnisation par avion par jour d’immobilisation, soit un total d’environ 2,5 milliards de dollars.
L’avionneur reconnaissait de son côté une dégradation de la peinture pouvant exposer un filet métallique intégré au fuselage en matériaux composites, destiné à protéger l’avion en cas de frappe d’éclair, mais rejetait toute conséquence sur la sécurité, tout comme l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). Le problème n’était pas circonscrit à Qatar Airways mais aucune autre compagnie dans le monde n’a cloué au sol ses A350.
Pas de reconnaissance de responsabilité
Dans son communiqué, l’avionneur européen précise que « Qatar Airways et Airbus sont heureux d’être parvenus à un règlement à l’amiable et mutuellement acceptable concernant leur différend juridique sur la dégradation des surfaces de l’A350 et l’immobilisation au sol des appareils ». « Les détails de l’accord sont confidentiels et les parties vont maintenant procéder à l’abandon de leurs procédures légales », souligne un communiqué séparé de Qatar Airways.
Selon les deux groupes, « l’accord de règlement ne constitue pas une reconnaissance de responsabilité pour l’une ou l’autre des parties ». L’accord permet ainsi à Airbus de mettre fin aux accusations selon lesquelles l’A350 ne serait pas un appareil sûr et à la compagnie de remettre en vol tous ses A350, alors que le trafic long-courrier, longtemps déprimé par la pandémie, reprend des couleurs.
Rétorsions et interventions politiques
Dans cette affaire, les deux protagonistes se sont rendus coup pour coup. En janvier 2022, Airbus avait même pris la décision spectaculaire d’annuler une commande 50 mono couloirs A321 passée par la compagnie, puis résilié quelques mois plus tard le contrat portant sur le reliquat de 23 A350 que devait encore recevoir Qatar Airways, après son refus de prendre livraison de plusieurs exemplaires. Ces 50 A321 et 23 A350, dont le montant d’achat dépasse les 14 milliards, ont été « réintégrés dans le carnet de commandes » de l’avionneur dans le cadre de cet accord, affirme un porte-parole d’Airbus.
Plusieurs développements récents semblent avoir permis d’enterrer la hache de guerre. Une réunion technique entre Airbus et le régulateur qatarien a finalement pu se tenir à Doha le 25 octobre après de multiples péripéties. Et le litige, dont s’était saisi l’Elysée, a également été abordé dimanche par Bruno Le Maire lors d’un déplacement à Doha où il a rencontré l’émir Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, selon une source proche du dossier.
« C’est l’aboutissement d’importants efforts conjoints. C’est une excellente nouvelle pour l’industrie aéronautique française », a d’ailleurs réagi le ministre de l’Economie à l’annonce de l’accord.