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Gironde : De l’A380 aux maisons en bois, le site industriel d’Airbus à Langon se construit un nouvel avenir

  • L’arrêt de la production de l’A380 a libéré un immense site industriel qui servait de plateforme d’interconnexion pour transborder les pièces d’A380 arrivant en barges fluviales vers des camions.
  • Un appel à projets a été lancé par l’Etat et Voie Navigable de France pour donner une nouvelle vie à ces hangars.
  • Le projet devait comporter un volet fluvial, que la société de construction de maisons en bois Ademeure souhaite intégre

Retour sur terre pour l’immense site industriel Airbus à Langon (Gironde). Après avoir accueilli des pièces d’A380, les entrepôts situés en bord de Garonne vont désormais servir à de la fabrication de murs pré-équipés pour des maisons en bois…

L’entreprise Ademeure vient d’être sélectionnée par un jury pour reprendre le site d’Airbus. Il servait de plateforme d’interconnexion pour transborder sur des camions les pièces d’A380, et aussi de Beluga XL, arrivant en barges fluviales. L’arrêt de la production du gros-porteur a libéré cette emprise de presque trois hectares, propriété de l’Etat et dont VNF (Voie Navigable de France) veut se servir pour développer le fret fluvial.

« On sortira de ces entrepôts des maisons entières prêtes à assembler »

Après avoir créé, et revendu, le site Internet d’estimation et de vente de biens immobiliers Drimki-Refleximmo, Jonathan Duffié et Thomas Laurentin se sont lancés sur le marché de la maison à ossature bois, en créant Ademeure à Langon, en 2017. Avec une croissance annuelle à deux chiffres et un carnet de commandes qui atteint désormais six millions d’euros, Ademeure souhaite donner une autre dimension à son activité en proposant des maisons pré-équipées en usine. Il lui fallait pour cela un site de la dimension de celui d’Airbus, avec notamment un bâtiment de 80 mètres de long pour 40 mètres de large et 20 mètres de hauteur.

« Le pré-équipement, cela veut dire que l’on équipe en usine les murs de la maison en menuiserie, isolation, réseau hydraulique et électrique, explique Jonathan Duffié. On sortira ainsi de ces entrepôts des maisons entières prêtes à assembler sur place. Cela nous permet de mieux maîtriser les aléas que sur les chantiers, grâce à des stocks tampon sur place, et des processus de fabrication standardisés. »

Ademeure a l’ambition de sortir d’ici à 2025 300 maisons par an, au tarif de 1.500 euros du m2 à ce jour. « Mais nous espérons pouvoir faire encore baisser ces coûts », souligne l’entrepreneur. Il faut compter environ neuf mois pour la réalisation et l’assemblage de la maison, « sachant que nous connaissons, comme d’autres, des problèmes de délai d’approvisionnement en ce moment liés à la crise du Covid-19, poursuit Jonathan Duffié. Cela dit, nous arrivons à tirer notre épingle du jeu car nous avons fait le choix de nous fournir localement. Notre bois – de l’épicéa, du Douglas et du pin maritime – vient du massif de Nouvelle-Aquitaine et de l’Est de la France. Tous nos bardages sont en pin maritime issu de la forêt landaise. »

Accompagné financièrement sur ce projet, Ademeure devra investir 1,5 million d’euros pour transformer les hangars, et signera ensuite un bail de 18 ans avec VNF pour l’occupation du site. L’entreprise espère démarrer son activité au deuxième trimestre 2022, et prévoit l’embauche de 70 personnes dans les trois ans.

« Nous possédons un magnifique maillage fluvial »

Ademeure souhaite aussi accompagner son projet de l’ouverture d’une école du bois. « Aujourd’hui la maison en bois représente 10 % du marché en France, mais le ministère du Logement a annoncé que cela devra être la norme à l’horizon 2030 », rappelle Jonathan Duffié. La nouvelle réglementation environnementale prévoit de faire la part belle au bois dans la construction des maisons individuelles. « Il nous faut donc former le personnel de demain, pour avoir suffisamment de couvreurs, de bardeurs, de dessinateurs… »

L’autre ambition d’Ademeure est de s’appuyer sur la Garonne, pour transporter ses matériaux par voie fluviale. « Nous possédons un magnifique maillage fluvial mais il n’est pas assez utilisé, regrette Jonathan Duffié. Nous travaillons avec VNF pour faire du fret fluvial, et nous souhaitons notamment nous servir du superbe dock qui avait été fait pour Airbus, et qui se prête magnifiquement à ce type d’activités. »

Une part modale du fluvial qui serait de 10 % à 30 % selon les départements

« Nous allons poursuivre nos rendez-vous avec Ademeure pour construire ensemble le développement de leur projet fluvial », indique Eilika Gental, chargée de développement fret et logistique urbaine fluviale chez VNF Sud-Ouest. Nous accompagnerons aussi les autres candidats de l’appel à projets qui n’ont pas été retenus, avec qui nous allons maintenir les échanges » dans le cadre du Plan d’aide au report modal.

Si le fret fluvial représente 3 % du transport de marchandises en France, « il faut prendre en compte le périmètre potentiel de chaque mode de transport » insiste Eilika Gental. « Le fluvial ne peut développer son activité que dans les territoires traversés par une voie navigable. » « Si on regarde à périmètre égal, sur les départements traversés par un réseau fluvial à grand gabarit (permettant de transporter une très grande quantité de marchandises), la part modale du fluvial est plutôt de l’ordre de 10 à 30 % en tonnes-km » estimait ainsi récemment Thierry Guimbaud, directeur général de VNF.

 

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