Selon l’association, les sociétés qui rachètent aux banques leurs crédits «pourris» usent de méthodes agressives pour obtenir un remboursement de la part des emprunteurs.
L’UFC-Que Choisir alerte sur «les pratiques scandaleuses et parfois proches du harcèlement» des sociétés de recouvrement de crédits. Alors que 2021 devrait se traduire par une «déflagration des impayés», l’association de consommateurs s’inquiète de voir les banques se débarrasser de leurs «crédits pourris» auprès de ces sociétés qui mettent ensuite la pression sur l’emprunteur avec des méthodes «bien peu rassurantes».
En décembre, l’UFC-Que Choisir avait déjà alerté sur les sociétés «pousse-au-crime» qui, en pleine crise sanitaire et économique, incitent les Français à souscrire des crédits à la consommation. Selon l’association, les impayés atteignent déjà 22 milliards d’euros, tous crédits confondus en 2020, soit 1700 euros par ménage emprunteur.
Les banques, avec le soutien de la Commission européenne qui les incitent à nettoyer leurs bilans, se débarrassent de ces crédits impayés en les revendant à des tiers, principalement à des sociétés de recouvrement. «La mécanique (…) est simple. Dans un premier temps, elles rachètent à vil prix des créances jugées irrécouvrables par les banques et dont certaines ne peuvent même plus être réclamées en justice. Dans un second temps, elles font le forcing pour en récupérer le paiement en totalité auprès des consommateurs», explique l’UFC-Que Choisir.
Les dettes «fantômes»
L’association déplore dans un premier temps le fait que les emprunteurs ne soit pas tenus informés de cette démarche. Elle dénonce ensuite les pratiques de ces sociétés de recouvrement «sans grande foi ni loi» qui passent par du «harcèlement téléphonique» et «d’honteuses pressions (ton menaçant, culpabilisation, chantage à la délation aux voisins, etc.)». Plus grave, selon elle, certaines de ces sociétés sollicitent le paiement de dettes «fantômes», comme «les crédits dont l’existence ne peut pas être démontrée ou qui ont déjà été remboursés, en particulier dans le cadre d’un plan de redressement élaboré par une commission de surendettement».
Dans ce contexte, l’UFC-Que choisir demande aux législateurs européens l’interdiction de la vente par les banques et de l’achat par les sociétés de recouvrement des crédits «fantômes» dont la validité ne peut être démontrée. Elle réclame aussi l’instauration d’une «information» transmise par la banque à l’emprunteur avant la vente d’un crédit. Enfin, l’association appelle à «un strict encadrement des sollicitations de la société de recouvrement l’ayant acquis». Entre temps, elle met à disposition des emprunteurs concernés un «arbre décisionnel » pour les aider à y voir plus clair sur la conduite à tenir en cas de difficulté et rappelle que son réseau d’associations locales «peut les accompagner».