POUVOIR D’ACHAT Certains spécialistes estiment que les prix resteront élevés dans le futur
- Le prix de gros de l’électricité atteint des records en Europe.
- Une situation notamment liée à la forte demande sur le gaz.
- La transition énergétique, elle, supposera un accompagnement financier des ménages les moins aisés.
Toujours plus haut. Depuis quelques mois, les prix de l’énergie ne cessent de grimper en Europe, mettant les porte-monnaie à rude épreuve. En France, le prix du gaz a augmenté de 8,7 % en septembre, après + 5 % en août et + 10 % en juillet. A la pompe, le prix du sans-plomb 95 (SP95 E10) s’est renchéri de 25 centimes d’euros/litre depuis un an. En Espagne, le prix de gros de l’électricité a triplé sur douze mois, faisant exploser la facture de nombreux ménages. Tout l’enjeu est maintenant de savoir si ces hausses sont temporaires… ou si l’Europe doit se préparer à une énergie toujours plus chère dans les prochaines années. Pour avoir une réponse claire, il faut séparer les différentes sources d’énergie.
Sur le pétrole, « nous sommes dans une phase de rattrapage, avec un retour des prix au niveau d’avant-crise, explique Bernard Keppenne, chef économiste chez CBC Banque. A court terme, il est probable que ces prix se stabilisent : d’un côté, l’Opep + [alliance des pays pétroliers] pourrait augmenter sa production, et de l’autre, la persistance du coronavirus risque de réduire l’activité économique, et donc la demande de pétrole ».
Le gaz lié à l’électricité
Concernant le gaz et l’électricité, la problématique est un peu différente. « Pour le gaz, il y a d’abord une demande mondiale en forte hausse du fait de la reprise économique, ainsi que des tensions sur l’approvisionnement » résume Bernard Keppenne. Deux facteurs qui contribuent à tirer les prix vers le haut, alors que chaque pays cherche à accumuler des réserves suffisantes avant la saison hivernale. « Nous importons 99 % du gaz naturel que nous consommons » rappelait fin août Francis Perrin, directeur de recherche à l’Iris spécialisé en stratégies et politiques énergétiques.
Le gouvernement français, qui garde en mémoire l’épisode des « gilets jaunes », en est parfaitement conscient. Cet été, alors que l’UE présentait son plan pour le climat, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, assurait : « nous ne ferons pas payer aux ménages modestes le coût de la transition écologique ». Bruxelles veut en effet étendre le système de quotas de CO2 au transport routier, ce qui pourrait conduire à une augmentation du prix des carburants. Le chemin qui se dessine est étroit : d’un côté, répondre à l’urgence climatique, de l’autre, trouver des moyens (financiers) pour éviter une montée des tensions sociales et des inégalités que la transition ne manquera pas de causer.