- Emmanuel Macron veut créer des « champions de demain » dans l’industrie.
- Il mise sur plusieurs filières avec le plan « France 2030 », présenté ce mardi.
- La formation, mais aussi la qualité des emplois et les salaires proposés, seront déterminants.
C’est le nouveau mot à la mode : la réindustrialisation. La crise du Covid a mis en lumière la dépendance de la France (et de l’Europe) aux chaînes de production situées en Asie. L’exécutif a donc trouvé la parade : il faut développer des industries du futur dans l’Hexagone, pour regagner un peu de souveraineté économique.
Emmanuel Macron devrait en dire un peu plus ce mardi, avec le lancement de « France 2030 ». Un plan d’investissement d’une trentaine de milliards d’euros pour « faire émerger dans notre pays et en Europe les champions de demain », comme il l’avait expliqué en juillet. Plusieurs filières industrielles jugées stratégiques ont déjà été identifiées : l’hydrogène, les semi-conducteurs, le nucléaire ou encore les batteries électriques.
« C’est pour ton pays, c’est pour la magie »
Mais pour réindustrialiser, il faudra d’abord séduire ceux qui pourraient y travailler. Actuellement, 70.000 postes sont vacants dans le secteur. « La difficulté est de trouver les bons profils et d’attirer des jeunes et des personnes en reconversion », a d’ailleurs reconnu le mois dernier la ministre chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Sans bras pour faire tourner les usines, difficile pour le gouvernement de faire tenir son plan…
Alors l’exécutif s’emploie à valoriser le secteur industriel par tous les moyens possibles. Le « French Fab Tour », un village itinérant, tourne dans toute la France depuis la mi-septembre pour « distiller son message positif sur l’industrie française », notamment à l’attention des plus jeunes.
La semaine dernière, Agnès Pannier-Runacher a aussi livré un vibrant plaidoyer devant des entrepreneurs. Assurant qu’il était essentiel de « partir à la conquête des cœurs et de l’imaginaire dans l’industrie », elle a lancé : « Il faut changer le regard des jeunes (…) Pour qu’on dise que lorsque tu vas sur une ligne de production, ce n’est pas une punition, c’est pour ton pays, c’est pour la magie ».
Un manque d’attractivité à corriger
La « magie » de l’industrie tarde encore à opérer. Selon une étude du ministère du Travail publiée début octobre, si plusieurs métiers de l’industrie – ouvriers non qualifiés notamment – peinent à recruter, c’est à cause du « manque d’attractivité ».
En Champagne-Ardennes par exemple, ce sont les soudeurs qui manquent à l’appel. « Le métier de soudeur n’attire plus les jeunes, ou les jeunes ne le connaissent pas », explique Sophie Loizon, chargée de recrutement Synergie BTP-industrie de Reims interrogée par France 3. A Rouen, c’est le pôle de formation de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) qui n’a pas trouvé preneur pour 150 offres d’alternances.
La formation à améliorer également
« L’apaisement des difficultés de recrutement (et la baisse du chômage) pourrait donc aussi passer par l’amélioration des conditions de travail et/ou la revalorisation des salaires dans certains métiers », poursuit l’étude. Le gouvernement a fait le choix de laisser chaque branche sectorielle négocier d’éventuelles augmentations, mais s’est refusé à tout « coup de pouce » sur le Smic.
Dans une autre partie des cas, le problème vient du manque de formation des candidats. Ce manque de qualifications « concerne beaucoup de métiers pointus de l’industrie (techniciens de la mécanique ou de l’électricité, par exemple) (…) et la quasi-totalité des métiers d’ingénieurs dans l’industrie », indique le ministère du Travail. D’où la volonté du gouvernement d’inclure une partie formation dans le plan « France 2030 ».